Histoire de Lahaano
Chapitre 4 :
Secrets
Dans une sombre ruelle de Brakmar où les rats grouillaient comme un tapis vivant sous les pieds des rares passants, la longue silhouette d’un sacrieur marchait le long des murs. Il entra dans un des bâtiments par une porte en bois sombre tâché de sang.
L’odeur de viande fraichement découpée emplissait l’air comme la puanteur qui attire le corbac vers sa charogne. Un filet de sang pourpre passait sous les pieds du sacrieur pour aller se jeter dans la rigole qui fendait de la ruelle en deux.
Dégouté par une vision de chaires pendues à des crochets, de boyaux entassés dans une bassine et d’instruments d’horreur pendus par leurs cous métalliques le sacrieur dut retenir son souffle pour ne pas recracher son déjeuner. Sa main gauche glissa le long de sa jambe pour se poser sur la garde d’une épée cachée dans son fourreau.
-Thesaurus ! Thesaurus…
Sa voix résonnait contre les murs couverts de métal et de carrelage sombres.
Une masse recourbée glissa hors d’une petite pièce voisine d’où sortait une lueur hésitante.
-Vous devez être Mr B. je présume ?
Le sacrieur relâcha sa prise et glissa sa main dans un sac qui pendait à son côté.
-Oui, je suis chargé de vous apporter ceci…
Le sacrieur tendit un ouvrage couvert d’un cuir sombre et cerclé d’une lourde chaine fermée par un cadenas.
Le vieil homme, qui s’avérait être une sorte de hibou obèse - surement un membre de la confrérie des bibliothécaires – prit un chiffon taché de sang coagulé pour s’essuyer les mains avant de soulager la main tendue du lourd ouvrage.
-C’est donc la dans ce livre qu’est cachée la recette de l’artefact ?
-C’est ce que mon oncle m’a dit… Il semblerait que sa fabrication implique de la cervelle de bouftous, divers bois rares, une potion Dantegoulesque, du Clakos et d’autres ingrédients que nous n’avons pas encore déchiffrés.
-Je vois… et avez-vous aussi contactés la bibliothèque de Bonta ?
-J’ai demandé à mon autre oncle de s’en charger.
-Tu sais ce qui t’attend mon petit ?
-Je pense, oui… mais j’ai peur qu’il me surpasse et que je disparaisse.
-C’est risqué, oui…
Sans dire un mot, le sacrieur s’en alla laissant le bibliothécaire reprendre ses glauques activités dans sa tanière pourpre.
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