Histoire de Lahaano
Chapitre 6 :
Cérémonie
Le volontaire, étalé sur une table, nu et enchainé à quatre poteaux recouverts de symboles étranges se sentait partir. La magie du lieu, l’angoisse et le risque très élevé du procédé qui allait prendre place lors de la funeste réunion avaient instaurés de bien sombres idées dans le cerveau du jeune sacrieur. Il est vrai que l’inactivité et l’atmosphère tamisée et plutôt sombre auraient fait s’endormir un Iop enragé, mais là c’étais différent, il y avait bien trop de choses à penser, bien trop de scénarios catastrophes à envisager pour se permettre de fermer l’œil pour plus d’une microseconde.
La lourde porte métallique s’ouvrit lentement, ce qui produisait un grincement des plus douloureux, lequel résonna pendant encore quelques secondes après l’ouverture tellement la pièce était caverneuse et longue. Une procession de gros individus encapuchonnés et couverts de lourdes capes sombres et finement décorées de symboles semblables à ceux qu’arboraient les quatre poteaux glissa sans un bruit dans la pièce. Ils entourèrent la table et sortirent de longs rouleaux de parchemin usé. Le cobaye était immobile, seul l’une de ses paupières vibrait à intervalles réguliers pour laisser passer des flots de sang pompés par un cœur en suractivité.
Un chant lent et grave s’éleva des visages camouflés. C’était une mélodie répétitive et monotone, qui semblait osciller lentement comme les vagues au cœur d’un grand océan.
Une figure rouge se détacha de l’ombre du mur du fond. Seuls deux mains portant un étrange objet en bois dépassaient de la longue robe brodée. L’objet semblait battre au rythme de la sombre mélodie, comme s’il l’accompagnait consciemment.
Le jeune sacrieur secouait, d’abord lentement puis assez vivement. Finalement, il se mit à baver, ses yeux devinrent blancs ivoire et son torse se souleva de la table comme si son cœur cherchait à bondir hors du corps traumatisé.
Des cris d’alarme et des hurlements de douleur semblaient sortir des murs comme si toutes les guerres et toutes les famines depuis plusieurs siècles étaient juste de l’autre côté de la porte pourtant impénétrable. L’un des hommes en noir tomba, épuisé et terrorisé par le fond sonore, un autre se mit à trembler.
Puis tout cessa. L’objet ne brillait plus et le sacrieur étais endormi comme si rien n’étais arrivé.
Tous avaient l’impression que quelque chose manquait au tableau, mais nul ne savait quoi.
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